J'étais vraiment trop con.

L'influence de la fin de l'automne commençait trop tôt à se faire sentir. Recroquevillé sur moi-même, devant la porte de de ma maison, l'appartement des Kazemaru, je grelottais en maudissant la saison. Quel con, mais quel foutu con j'avais été ! Je ne mettais pourtant jamais mes clefs dans ma trousse. Pourquoi, ce jour-là, avait-il fallu que, dans la précipitation, je les y enfourne ? Pourquoi après avoir ramassé le trousseau vide de tout artifices, il avait fallu que trop de hâte me pousse à les balancer n'importe où ? J'avais l'habitude de laisser mes affaires dans mon casier avant d'y prendre quelques affaires spécifiques au club de que côtoyait lorsque nous avions dans nos après-midi des moments réservés pour ce genre d'activité, il était vrai, alors j'aurais du y penser. Mais bon sang, pourquoi je ne me suis rappelé de ce détail qu'après avoir quitté le lycée ? Et pourquoi seulement après avoir pris le temps de dîner dehors ? En ces jour courts de début de fin d'année, à l'heure qu'il était, il faisait déjà noir ! En fin, comble de la malchance, je ne savais strictement pas quand mon père rentrerait du travail. C'était aussi ça, les joies d'un fils unique dans d'une famille monoparental ; Pas de frère, de sœur ou de mère pour rattraper ce genre de faute. Et avec ma chance, j'aurais pu encore attendre jusqu'à minuit ...

Bon, il n'y avait pas vingt milles solutions : il fallait que je retourne à l'école, et le plus tôt serait le mieux !  Un peu désespéré à la pensée de tout le chemin que je devais refaire, je vérifia une dernière fois l'absence de mes précieuses clefs, au cas où le miracle s'opérerait quand même, ne sait on jamais. Mais, comme j'aurais pu le prévoir, ce ne fut pas le cas.
Je me releva donc en ronchonnant intérieurement.

« 'Fait chier ! »  

Bon, disons, plus au moins intérieurement. Mais l'important, c'était que j'avais réussit à me mettre en route sans trop traîner des pieds, il faut dire aussi que, même si je ne vivais pas dans le quartier le plus malfamé de Tokyo, je n'y était pas très branché balade nocturne ( Oui, évidement, je savais bien qu'il n'était encore si tard que ça, mais en partant de si mauvaise volonté, il le serait lorsque j'entamerais mon trajet de mon retour ! ).
Dans un premier temps, pour mieux me motiver, j'avais enfoncé mes écouteurs dans mes oreilles, ce qui avait bien fonctionné jusqu'à ce que j'arrive à deux rues du Lycée Inazuma, là où – comme un malheur n'arrive jamais seul – ma batterie ne fit ni plus ni moins que de me lâcher.
Super.
 
Mais le plus intéressant restait à venir ! Et oui, j'ai continué de marcher sur quelques mètres à peine, tout aussi vite perdu dans mes pensées lorsqu'une silhouette s'est dessinée au coin d'une rue adjacente, s'approchant certainement sans même m'avoir reconnu, se tourna vers moi dans un élan de clairvoyance et me fit hoqueter sur le coup dans un demis-sursaut.

« Tu m'as fais peur ... » Dis-je à mis voix à la personne qui me faisait face, comme si cela valait encore la peine de le souligner. Doucement, j'avais reconnu les traits de son visage. « Qu'est-ce que … Qu'est-ce que tu fais là ? »