Arrivé devant l'entrée du collège, j'ai fait une pause pour dévorer des yeux le bâtiment du quel je peinait encore à me détacher. Raimon m'avait vu évolué plus que je ne l'avais imaginé depuis le jour où j'y avais mis les pieds pour la première fois impatient d'y retrouver mon meilleur ami. Je me rappel encore la sensation que cela m'avait procuré d'être à l'éveil d'un monde qui nous paraissait tellement plus grand, la belle adolescence, si convoitée pour se sentir comme des grands ! Aujourd'hui, je n'avais plus d'autre raison valable de revenir sur ces pas que d'espérer y revoir certains de mes anciens coéquipiers – qu'il s'agisse d'amis du club de football ou d’athlétisme – parmi ceux qui, étant plus jeune que moi, n'étaient pas encore passé au lycée. Drôle d'espoir, je vous l'accorde, pour un samedi sans autre cours donnés que ceux qui servaient de rattrapage, mais j'étais bien placé pour savoir que les plus passionnés pratiquerait leurs activités avec leur club sans rechigné d'un jour de repos perdu. Cela ne m'avait donc pas empêché de venir jusqu'ici au pas de course. J'avais choisis de parcourir les rues à une telle allure pour la simple et bonne raison que j'avais besoin de me dépenser quotidiennement et le temps n'était pas si mauvais.

Je retirais, un instant, les écouteurs qui étaient fidèlement restés fixés à mes oreilles tout le long de mon trajet, dans le but de détacher pour recoiffer correctement mes cheveux. Je n'avais pas pris le temps de faire le noeud correctement ce matin là et en tenant compte de la nature de ma chevelure, il n'y avait rien d'étonnant à ce que tout ce casse un peu la gueule ; Queue-de-cheval de travers, mèches rebelles rejoignant celles qui cachaient déjà mon oeil et que j'avais depuis longtemps abandonné à leurs sauvageries, par exemple, et ça, ça me rendait presque maniaque. J'avais fait glisser l'élastique à mon poignet, et puis, là, comme sortit de nul part pour régaler mes espoirs, deux types pris dans une discutions – qui devait être passionnante, je n'en doutais pas à leurs mines heureuses – me passèrent juste sous le nez. C'était un détail qui m'avait sauté aux yeux ; L'uniforme qu'ils portaient m'était plus que familier. Une tenue de sport pour être précis. Tiens, devais-je en conclure qu'il y avait donc de nouvelles têtes au club d’athlétisme ? Et bien c'était plus que réaliste, mais j'en étais presque triste. Non pas que j'aurais souhaité la mort du club après mon départ, mais plutôt que je me rendais compte que ces deux gars là auraient intégrer le club alors que j'étais encore à Raimon, je ne les aurais pas reconnu. Cela faisait déjà un moment que je n'étais plus très au courant et je n'avais aucune excuse. Ou aucune autre excuse que le mot football, si vous préférez.
Bref, je ne les ai pas vraiment suivis, j'ai juste attendu qu'ils avancent – Oui, le temps que j'attache de nouveau ma crinière - pour faire à mon tour deux ou trois pas supplémentaires dans la même directions. Après ça, je m'étais contenté d'observer, pas certain de vouloir rentrer dans l'enceinte même du collège pour m'assurer de rencontrer quelqu'un. Et pourtant, ...
Bon. Je tendis le coup et mes pieds sur leurs pointes. Les deux garçons semblaient avoir rejoint d'autres personnes mais je ne les voyait pas bien de là où je me trouvais. Quand j'y pense, c'était quand même un coup de chance de voir des membres du club d’athlétisme depuis l'entrée de l'école, puisqu'on ne pouvait pas apercevoir le terrain sur le quel ils s’entraînaient habituellement, de là.

Oui mais, soudainement, interrompu de mon espionnage de débutant, j'entendis une voix m'interpeller, juste dans mon dos, à une proximité étonnante. Je me suis retourné tout innocemment. Surprise, surprise.

« Kazemaru-kun ? »

Miyasaka Ryou, il n'y avait aucun doute là dessus. Si je n'avais pas reconnu sa voix, son visage me l'aurait tout confirmé. Mon plus proche amis du club d’athlétisme ne changeait, à première vue, pas d'un pouce ! Toujours le même regard vert brillant, toujours les même cheveux blonds. Mes yeux, fidèlement à leur habitude que je jugeais expressive, devaient s'être écarquillés de surprise avant d'avoir laissé place à un sourire paisible et franc. Et bien, Ichirouta, te voilà servit, toi qui avait espéré revoir d'anciens camarades. Depuis le temps qu'on avait plus échanger de mots, lui et moi. J'en avais, d'ailleurs, été attristé, même si, ça aussi, c'était un peu de ma faute.

« Bonjour, Miyasaka. »

Après avoir articuler ce salut, j'ai cru remarqué un petit instant de silence. Il faut dire que je n'avais pas imaginé une séparation si tranchante lorsque je lui avait fait comprendre de prendre que l'on devait prendre quelques distances. Mais cela commençait à dater réellement ; le Football Frontier International avait bien largement eux le temps de passer et ce sentiment d'inconfort qui m'avait poussé à l'écarter un peu avait quasiment disparu dans son entièreté. Non, même si je n'avais pas encore vraiment cherché à comprendre le point de vue de Miyasaka, entre temps, j'avais compris ce qui clochait chez moi, ça faisait toute la différence. Oh oui. Et ça faisait à mes yeux une bonne excuses pour faire comme si de rien n'étais, au moins le temps de tapisser ces retrouvailles d'une innocente bonne entente ! Ce qui aurait pu sonner faux, périmé, si je ne m'étais pas efforcé de paraître serein. Ne me traitez pas d'hypocrite, je pensais simplement qu'il ne valait pas la peine de se jeter directement des interrogations et, peut être, des reproches à la figure. On aurait tout le temps de se justifier une prochaine fois.

« Ça faisait longtemps. » Déclarais-je sans bouger d'un pouce et parfaitement au courant que je ne lui apprenais rien. « Toujours à l'entraînement, à ce que je vois ? C'est cool. »

Je l'ai lâché des yeux pour regarder dans la direction que prenait les membres du club. Même si ce sentiment n'était pas absent, je pensais éprouver plus de nostalgie que ça. Après tout, ce club, j'y avais tenu de tout coeur pour un long temps. Pour ne laisser place à aucun autre blanc, j'enchaîna, essayant de prévoir une interrogation possible. « Moi, je ne faisais que passer par-là quand j'ai vu le ... Quand je vous ai vu. » De nouveau, je souris en direction de son regard. J'avais noté qu'il avait vraiment l'air surpris de me voir, mais j'avais l'impression qu'il n'y avait pas que ça. Je pris le temps de le détailler un peu mieux, mais non, ses battements de coeur n'atteignait pas mes oreilles. Sinon, ça aurait été trop facile, je suppose. Aaah, et moi que la culpabilité commençait à prendre à la gorge ! Je le demandais, un peu inquiet, si il n'allait pas le remarquer trop vite. C'est que, malgré tout, il me connaissait bien. Je ne l'aurais pas soupçonner avant de quitter la caravane Inazuma.