En ce moment, je suis bien parti pour rester quelques temps à Tokyo… Enfin, je viens surtout le week-end. J’ai cours la semaine, je ne peux pas trop les rater. Le week-end, je loge au Foyer d’Enfance de Tokyo. Ils ne sont clairement pas heureux de me voir, je l’ai bien compris. Mais bon, je traîne peu dans le bâtiment. On me trouve plus souvent dehors, sur un Terrain de Foot. Bref. Je passe donc à Tokyo pour suivre les Entraînements du Professeur X. Enfin, j’apprends mais derrière…

Vous croyez franchement que je reste les bras croisés avec des impressions étranges concernant cet Homme ? Hum… non. J’enquête un peu sur qui il est en réalité. Je suppose qu’il doit s’en douter, mais il ne me dit rien, alors tant mieux. Pour l’instant, je n’ai pas beaucoup d’indices. Si ça se trouve, je me trompe complètement. Enfin bon, peu importe. Je veux en avoir le cœur net d’abord.

Et pour une raison quelconque, mon enquête m’a conduit tout droit… à Kyoto. Une grande Ville qui se situe à quelques heures en train de Tokyo. Heureusement pour moi, je ne suis pas malade en train, seulement en bateau ! Bon. À peine ai-je mis les pieds hors de la gare, qu’un dilemme s’est posé à moi. Et oui… J’aurais dû y penser plus tôt… Comment vais-je me repérer dans une aussi immense Ville ? La réponse est pourtant flagrante ! Avec une carte de la Ville ! Cependant… Même avec une carte… Je me perds quand même. Parce que je ne sais pas en lire une !

Autrement dit… Je cours actuellement au beau milieu d’une rue, complètement égaré. Où suis-je ? Où dois-je aller ? Je n’en ai aucune idée, mais j’y vais ! Quoique… Je n’aurais jamais dû venir ici, tout compte fait ! Je devrais le savoir depuis le temps que j’ai un sens de l’orientation très bas ! Je m’arrête pour souffler et lève les yeux vers une pancarte indiquant le nom de la rue dans laquelle je me trouve. Je ressors ma carte et l’arpente du regard, en vain. Impossible de trouver la rue. Je soupire et la range. On dirait bien que je suis officiellement perdu…

Alors… Et si je tentais de rejoindre la place la plus proche ? Je pourrai peut-être demander mon chemin à quelqu’un ! Je reprends donc ma course, droit devant moi. La rue se divise soudainement en deux, traversée par une autre rue. Au moment même que j’arrive à ce croisement, une personne sort de l’autre rue. N’ayant pas suffisamment de temps pour l’esquiver, je me retrouve à lui rentrer dedans plus ou moins violemment.

Le choc me fait basculer en arrière et je tombe sur les fesses. Je secoue la tête pour reprendre mes esprits et me remets debout, me frottant rapidement le pantalon, au passage. Puis je porte mon regard à la personne que j’ai malencontreusement bousculée et je m’approche d’elle pour l’aider à se relever en lui tendant ma main. C’est une Jeune Fille, apparemment plus jeune que moi… Attendez… Elle habite peut-être ici ?! Oh ouais ! Elle pourrait m’indiquer la route, non ?!

« Ex… Excuse-moi ! Tout… Tout va bien ? Rien… Rien de cassé ? Je… Je ne regardais pas devant moi… Dé… Désolé ! »

Autant le dire sincèrement, je ne comprenais pas tout. Le fameux coup « on se rentre dedans puis on tombe amoureux » ? Qu’est-ce que c’est ? Je penche la tête sur le côté avec un air assez interrogatif. Je ne sais pas. Et puis, je ne suis pas une fille, alors je n’ai jamais lu de shojos de ma vie. Et je ne pense pas que ça arrivera un jour. En fait, je ne lis quasiment pas de mangas tout court. Sauf certains que des Amis du Foyer m’ordonnent de lire avec l’excuse qu’ils sont géniaux. J’ai accroché à quelques uns, notamment des apocalyptiques, mais c’est tout.

Quoi qu’il en soit, la magnifique Amy traverse mon esprit et je rougis légèrement en songeant à elle. J’ai hâte de la revoir, lorsque je retournerai à Tokyo ! Enfin… Je ne dois pas oublier qu’elle m’en veut toujours pour avoir rejoint le Professeur X… Et je crois que cette rivalité ne disparaîtra pas de si tôt… Puis je secoue la tête pour me ressaisir et reporte mon attention sur la Jeune Fille que j’aide à relever. Il faut que j’arrête d’y penser pour le moment. J’adresse donc un agréable sourire à la Jeune Fille, aux allures un peu garçon manqué, je dirais.

« Eh bien… Ne t’en fais pas… J’aime déjà une Fille qui vit à Tokyo… »

Est-ce une impression ou je lis vraiment de la fierté dans son regard pour avoir cru comprendre mon plan, en lui rentrant dedans ? Hum… Ça doit être une impression… C’est bizarre quand même… Peu importe ! La Jeune Fille est drôlement sale ! Je me demande ce qu’elle faisait toute seule dans la rue ! Elle jouait peut-être ? Jouait à quoi ? N’est-ce pas ennuyant de jouer seul ? La Fille aux Cheveux Roses me demande alors si je n’ai pas vu un Ballon de Foot passer par là. Wiat. Un Ballon de Foot ? Cette Fille est une Footballeuse ? Gé-génial ! Une Camarade Footballeuse !

Et maintenant qu’elle le signale… le souvenir d’un Ballon qui rebondit devant mes yeux pendant que je courais me revient à l’esprit. Je tourne la tête vers la rue où je l’ai vu rouler et l’indique du doigt. Oh ! Si je l’aide à le retrouver, acceptera-t-elle de m’aider en retour pour me rendre jusqu’au Bâtiment que je cherche ? Bah, autant tenter le tout pour le tout ! Tout en montrant la direction à la Jeune Fille, je lui réponds :

« Il me semble l’avoir vu s’enfuir par là… Tu veux que je t’aide à le retrouver ? Perdu pour perdu, quitte à faire un détour, pourquoi pas ! »

De nouveau, je penche la tête sur le côté, cette fois avec un grand sourire amical. Je laisse aussi échapper un petit rire en remarquant que j’ai repris les mots de la Jeune Fille. S’enfuir… Franchement ! Un Ballon de Foot qui s’enfuit ! On aura tout entendu ! À quel Poste joue-t-elle ? Je pourrais en profiter pour en apprendre plus sur elle ! Je suppose que nous sommes rivaux, si elle joue dans une Équipe, c’est sûrement celle de cette Ville !

« Au fait ! Moi, c’est Yuki ! Tu joues au Foot, toi aussi ? »

Vraisemblablement, la Jeune Fille ne veut pas croire mon ‘’ histoire ‘’, d’après ce que je remarque, en tout cas… Raah, il faut que j’arrête d’analyser chaque détail du visage d’une personne ! Ça devient énervant à la fin ! Ce n’est même pas voulu ! Fichu gamin ignoré que je suis ! Hikari m’a pourtant conseillé de ne plus utiliser cette capacité d’analyse, sauf pendant un Match ! Gomen Hikari… … Et puis pourquoi je m’excuse comme ça ? Hikari n’est même plus là pour me surveiller… Il ne me reste qu’Amy, sur qui je peux compter désormais… Amy… C’est pour elle que je fais tout ça…

Zut ! Je prends du retard à traîner et à penser à autre chose ! J’aide donc la Collégienne à se remettre debout et lui indique la direction que son Ballon a prise. Maintenant que j’y resonge… Je crois qu’à l’origine, il arrivait vers moi à la base, non ? Et finalement, il a continué plus ou moins tout droit… Au même instant, j’ai cru ressentir un courant d’air froid flotté autour de moi… C’est impossible qu’il fasse froid par ici… Je me trouve quand même dans la Région Centrale du Japon… Même si cette Fille semble plutôt frileuse avec son bonnet sur la tête…

Mais se pourrait-il que… ce soit de ma faute si le Ballon a changé de chemin ? Je suis Défenseur après tout… Un Défenseur avec une Hissatsu qui se déclenche toute seule au moindre faux pas… Pourtant… pourtant je ne me souviens pas avoir pivoté sur moi-même par erreur… Est-il possible que… je perde de plus en plus le contrôle sur cette Technique ? Je n’ai plus le temps… Non, je n’ai plus le temps de traîner… J’ai besoin de l’aide du Professeur X ! Avec lui, je pourrai recouvrer le contrôle sur ma Tempête !

Perdu de nouveaux dans mes pensées, c’est la Jeune Collégienne qui me ramène à la réalité en se préparant à se lancer à la poursuite du Ballon. Et comme un idiot qui ne comprend pas tout, ou qui vient de se réveiller, je l’arrête dans son élan en me présentant PILE à ce moment-là. Bravo Yuki. Tu es vraiment l’intelligence incarnée quand tu veux. Je me frotte la tête, gêné, en ne réalisant qu’après ce que j’ai fait. Je suis stupide. Vraiment stupide.

Toutefois, la Fille aux Cheveux Roses ne semble pas plus dérangée que ça. Du moins, ce que je veux dire… elle reste bloquée dans son élan durant… quoi… cinq secondes environ ? Le temps que je parle ? Puis, elle m’attrape le bras et m’entraîne derrière elle. Elle répond donc à ma question tout en courant. Cette Fille est belle et bien une Joueuse de Foot, comme moi ! Je souris, content d’être tombé sur une personne qui partage l’une de mes Passions. Par contre… Elle ne s’est pas présentée…

Bah, ça ne fait rien pour l’instant. Elle a raison ! Nous devons retrouver ce Ballon ! Surtout si c’est de ma faute ! Je cours à ses côtés jusqu’à l’autre bout de la rue que je lui avais indiqué. Arrivés au bout, elle s’arrête de nouveau pour me regarder et me redemander où le Ballon a filé. Je penche la tête sur le côté quelques secondes avant de reporter mon attention sur la rue où on se trouve. Je ferme les yeux pour me remémorer la scène. Je revois le Ballon qui continue tout droit, comme je me trouvais dans une ruelle perpendiculaire, je n’ai pas vu le chemin qu’il a suivi ensuite. Mais connaissant suffisamment le système de ma Technique, je suppose qu’il a poursuivi sa route normalement.

« Toujours tout droit ! Il ne doit pas être très loin ! »

Sauf si nous sommes dans une rue en pente. Alors oui, il ira plus loin ! Mince ! Il faut vraiment se dépêcher avant qu’on ne le perde complètement !

Tandis que la Jeune Fille poursuit ses recherches, je reste derrière, refaisant défiler à toute vitesse la scène du Ballon dans ma tête. Plusieurs solutions me traversent l’esprit. J’en élimine quelques unes, étant certain qu’elles n’avaient pas pu arriver. L’analyse la plus correcte du Tir de la Fille, et ma Hissatsu qui s’était ajoutée au Tir, m’indique que le Ballon a continué tout droit. Bien que je n’écarte pas les autres possibilités, mais les évènements ont plus de chance de s’être déroulés ainsi. Je pose une main sur ma tête et laisse échapper un soupir.

Lorsque je quitte – enfin – mes pensées, je remarque que la Collégienne était loin devant. Je cours la rejoindre. Devais-je lui dire qu’il ne se trouve pas loin ? Non, elle doit s’en douter… Quoi que. Tirer trop fort ? Apprendre à retenir ses coups ? Huh ? C’est une Attaquante ? Une Attaquante qui ne sait pas tirer tout droit ? Ou alors elle avait mis de l’effet dans son Tir, ce qui a fait que le Ballon a dévié et que ma Technique l’a renvoyé ailleurs. Dans ce cas… Pourquoi ai-je l’impression qu’elle… ment, quand je la regarde ? Arrête Yuki. Crois un peu les gens qui te parlent, au lieu de te fier uniquement à tes Analyses. Léger nouveau soupir.

Au moment même où je devinais tout juste qu’elle était Attaquante – je crois, ou pas –, la Fille aux Cheveux Roses me demande à quel Poste je joue. Tout en précisant que si j’étais Défenseur, j’aurais pu arrêter son Tir. Hum… Suis-je sensé relever qu’il est arrivé soudainement vers moi ? Et que ma Tempête a décidé à ma place qu’elle l’enverrait autre part ? Tu es définitivement inutile. Pas même capable de maîtriser ta Technique et d’arrêter un Ballon. Je serre les poings cherchant à ignorer les paroles du Moi Moqueur, et je souris à la Jeune Fille, répondant simplement :

« Je suis Défenseur. Désolé, comme j’arrivais d’une Rue parallèle, je n’ai pas vu passer le Ballon à temps pour l’arrêter… »

Quel menteur, tu fais. C’est pitoyable. Pourquoi ne pas dire la vérité, que tu es incapable de contrôler une Technique comme il se doit et que tu pourrais la blesser si elle reste trop près de toi ? Tais-toi ! Je… je ne veux pas perdre l’occasion de me faire une Nouvelle Amie ! Surtout qu’elle joue aussi au Foot, alors c’est super ! La Collégienne ajoute qu’elle compte chercher de son côté, et m’assigne l’autre côté. J’acquiesce de la tête en souriant et commence à regarder un peu partout. Sauf que je sais parfaitement qu’il n’est pas par là. Il doit se trouver un peu plus loin.

Donc j’avance vers le fond de la rue pour déboucher sur une petite Place de Quartier. Il y a quelques personnes ici, dont une Marchande. Je la vois en train de ramasser ses produits alimentaires qui traînent sur le sol. Que s’est-il passé ? Elle semble affreusement en rogne. J’allais m’approcher pour lui demander ce qu’il y avait lorsque la Fille aux Cheveux Roses revient vers moi en désignant des fenêtres ouvertes. Et en s’exclamant que son Ballon avait probablement confondu les Buts et les fenêtres.

Par réflexe, je jette un coup d’œil aux fenêtres indiquées. Certaines étaient beaucoup trop hautes pour que le Ballon ait atterri dans les Bâtiments. Cependant, d’autres peut-être que oui… Sauf que… non, connaissant ma Hissatsu, elle n’aurait pas pu faire ça sans un minimum de contrôle de ma part. Ah, ah ! Quel Rêveur ! Tu le sais pourtant bien que ta Technique pourrait faire ça, maintenant que tu y songes cinq secondes ! Après tout, ce n’est pas une Tempête pour rien ! Non, c’est impossible, j’ai dit ! Je pose une nouvelle fois ma main sur mon front et secoue la tête de gauche à droite comme pour chasser le Moi Moqueur.

« Non, je ne pense pas. Regarde ! Il est là ! »

Tandis que je secouais la tête, mon regard s’est posé sur le stand de la Marchande. Et je vis alors un Ballon arrêté non loin à côté. Il avait attaqué la Marchande, d’où les Fruits et Légumes par terre. Mince ! On a créé un sacré bazar ! Je cours jusqu’au Ballon pour m’apercevoir qu’il est recouvert d’une fine couche de neige à cause de ma Tempête, genre comme l’Eternal Blizzard de Shirou… Je laisse échapper un « Oups » et me baisse pour le prendre dans mes mains. La neige disparaît à mon contact et je le rends à la Jeune Fille.

« Alors c’est vous, les Vauriens, qui avez tiré sur mon stand ?!
- Je… euh… désolé ! »

Déclare-je précipitamment en m’inclinant devant la Marchande. Puis je me redresse en vitesse et attrape la Collégienne au poignet pour l’entraîner à ma suite loin de cette Marchande furax qui ne cherche même pas à nous suivre. Tu n’es qu’un idiot. Tu as vu les dégâts que tu causes peu importe où tu vas ? Le Professeur X m’aidera pour que je retrouve le contrôle de ma Hissatsu ! Je m’arrête quand je juge qu’on se trouve suffisamment loin de la Marchande. Je me retourne vers la Fille pour lui demander si tout va bien.

HRP:

Alors que je m’arrête enfin de courir, au beau milieu d’une Ruelle, ce qui fait que je suis encore plus perdu maintenant, je remarque que la Jeune Fille s’écroule par terre, comme essoufflée. Je plisse les yeux, l’observant attentivement, cherchant un quelconque signe me prouvant le contraire. Mais je n’en repère aucun, mis à part son sourire enjoué. Avec si peu d’endurance, c’est impossible pour elle d’être Attaquante. Ou alors son Coach est vraiment bizarre. Yuki, juste, tais-toi. Arrête de nous casser les pieds avec tes Analyses. Tout le monde débute un jour et s’améliore avec le temps. T’es passé par là, idiot.

Que répondre à part… rien ? Pour une raison qui m’échappe, je sais que le Moi Moqueur a en partie raison. À vrai dire, je ne sais même pas d’où provient cette voix. Au début, je l’entendais à peine. Puis elle a commencé à se faire plus forte et influente. Elle passe son temps à se moquer de moi… Je lève les yeux vers le Ciel, n’écoutant même pas la Collégienne lorsqu’elle déclare qu’elle aurait bien voulu jouer avec la Dame. Le Soleil m’éblouit alors avec ses rayons lumineux. Je me protège le visage avec la main sans pourtant détourner les yeux. Je me demande si derrière ce Ciel bleu, les Étoiles continuent de briller pendant la journée.

Toutefois, je reviens rapidement à la réalité quand la Fille aux Cheveux Roses ajoute qu’elle est trop fatiguée, et qu’elle se demande comment on fait pour tenir un Match entier à courir. Tandis qu’elle, elle préfère rester dans les Cages. Je me retourne vers elle en clignant des yeux, à la fois surpris et… pas surpris, justement. Tu vois, Yusu, elle n’est pas Attaquante, mes Analyses étaient correctes ! Tsss. T’as gagné, pour cette fois. Yusu, c’est le prénom que j’ai donné au Moi Moqueur. Pourquoi ? Je ne sais pas. J’adresse un sourire amical à la Jeune Fille.

« Eh bien, pour ma part, je ne cours pas ‘partout’, comme tu dis. Il y a de nombreuses fois où je reste à ma place à observer le Match, tout en Défendant, évidemment. Je suis l’Analyseur de mon Équipe. »

Bien que ces derniers temps, tu restes surtout sur le banc de touche. Tu as trop la trouille de blesser quelqu’un avec ta Technique. Peut-être devras-tu laisser tomber ton rôle de Défenseur et te contenter d’être Stratège. Ça reviendrait au même. Non ! Je veux jouer ! Je déteste seulement regarder ! Je veux participer ! Je veux aider mes Camarades ! Alors que fabriques-tu à traîner dans cette Ville au lieu d’être avec le Professeur X, idiot ? Je… je… euh… qu’est-ce que je suis venu faire ici déjà ? Ça va me revenir ! Ça va me revenir…

Et oui, ça me revient. J’enquête sur le Professeur X ! Je devais me rendre à un Bâtiment très spécial, mais je me suis égaré dans cette Ville. Et je suis tombé sur cette Fille. Je l’ai aidée en espérant qu’elle m’aide en retour ! Voilà ! Maintenant que j’y resonge, il faut que je lui demande si elle accepte de me guider !

« Dis… Est-ce que tu connais la route vers le Centre de Recherches de Kyoto ? Il devrait se trouver près d’un Stade, d’ailleurs… »

Pourvu que oui, ça m’arrangerait tellement… Je veux savoir. Je dois savoir ! C’est très important ! Le Professeur X… Je suis certain qu’il me cache des choses. Pourquoi à moi particulièrement ? C’est justement ce que je souhaite savoir. Mon Enquête m’a conduit ici, je devrais bien pouvoir quelque chose !

HRP:

Super forts tous les deux, parce que je suis Défenseur et elle, Gardienne ? C’était ce que la Jeune Fille avait déclaré avant que je ne me perde dans mes pensées, enfin, je crois. Je n’avais pas vraiment écouté. Mais fort, moi… Ne te fais pas de fausses idées. Tu n’es bon à rien, sauf à blesser tes Coéquipiers. Tu ferais mieux d’arrêter le Foot, d’ailleurs. Non… non, je ne veux pas… Je suis sûr que je parviendrai à maîtriser ma Hissatsu, un jour… Et au plus profond de mon cœur, ou de mon esprit, je ne sais pas trop, je crois voir une Ombre Humaine esquisser un sourire. Bienveillant ou malveillant, je ne pourrais le dire.

Bref. Et mes pensées se sont retournées vers la raison de ma venue à Kyoto. Ça m’était enfin revenu. Je n’ai pas fait tout ce voyage pour rien. J’espère bien trouver des indices concernant le Professeur X ici. Cet Homme est vraiment mystérieux. Pourquoi ai-je l’impression qu’il a changé de Camp ? Qu’il est devenu l’Ennemi de Monsieur Kidou ? Pourquoi lorsque je l’ai vu sourire la première fois à la Soirée, il m’a rappelé quelqu’un mais que je ne parviens pas à me souvenir qui ? Pourquoi mes Amis le disaient menaçant alors que derrière les paroles qu’il avait dites, j’avais ressenti comme un sentiment de tristesse émanant de lui ? Pourquoi étais-je le seul à douter de ses véritables intentions ?

Trop de pourquoi. Trop de questions sans réponse. C’est pour cela que j’ai décidé d’enquêter sur lui. Je pourrais aussi bien aller lui demander en personne. Mais je doute qu’il me répondrait sincèrement. Après avoir fouillé le Centre de Recherches de Kyoto, je compte bien aller chercher dans son Bureau, au Laboratoire. Je profiterai qu’il soit absent, sûrement quand il sera en train de suivre les Entraînements des Joueurs qui l’ont rejoint, comme moi… Si tu ne veux pas abandonner le Foot, tu feras mieux de te concentrer sur les Entraînements au lieu de traîner ailleurs. Mais j’ai besoin de savoir d’abord !

La Collégienne – parce que oui, je ne sais toujours pas son prénom – m’annonce avec un grand sourire qu’elle peut me guider jusqu'au Stade. Je lui rends son sourire et acquiesce de la tête. Super ! C’est déjà ça, si j’arriver à trouver le Stade. Normalement, je devrais être en mesure de repérer le Centre de Recherches qui ne se trouve pas loin. Du moins, ça me paraît évident vu qu’il effectuait des recherches sur le Foot et sur les Techniques des Joueurs.

« Merci beaucoup ! Je te suis alors ! Dépêchons-nous, s’il te plaît ! Je dois rentrer au Lab—au Foyer d’Enfance à Tokyo avant la tombée de la Nuit ! »

Erf ! Quelle erreur ! Ça a failli m’échapper ! Le Professeur X a tendance à être détesté par tous les Joueurs du Japon. Espèce d’idiot. Fais donc un peu gaffe à ce que tu racontes. Si la Jeune Fille apprend que je fais parti de cette Équipe, elle pourrait très bien refuser de m’aider, tout compte fait. Si ça se trouve, elle a peut-être même rejoint le Camp de Monsieur Kidou ! Dans ce cas, on serait Ennemis… ? Je ne me rappelle pas l’avoir vue lors du premier Match, qui s’est terminé par une égalité. Cependant, elle l’a peut-être rejoint par la suite…

HRP:

La Jeune Fille semble motivée d’un coup, utilisant mon prétexte que je devais rentrer avant que la Nuit tombe comme un Jeu, une Course contre la Montre, plus précisément. Je souris, trouvant cette comparaison assez drôle, mais incroyablement vraie, d’une certaine manière. Sauf que ce n’est pas un Jeu. Tout ça est très sérieux. Malheureusement. Le verbe « s’amuser », je l’ai oublié, ces derniers temps. Quand était-ce, la dernière fois, où j’ai pu jouer librement, sans peur ? Je ne m’en rappelle même plus… Ça fait si longtemps que ça ? Le temps passe vraiment vite alors.

Mais je ne m’en fais pas. Je suis certain de pouvoir à nouveau jouer à pleine puissance lorsque j’aurai récupéré le contrôle sur ma Hissatsu ! Et je pourrai montrer à toute l’Équipe à quel point je serai devenu plus fort et que je pourrai bloquer tous les Ballons avant qu’ils n’atteignent les Buts ! Tu espères beaucoup, mais pour l’instant, tu ne fais rien à part baisser les bras. Tu manques cruellement de volonté pour maîtriser cette Technique. Tu n’aurais jamais dû l’apprendre. He-hein ? Je secoue légèrement la tête pour chasser encore cette voix.

Je remarque alors que la Collégienne sautille sur place, comme si elle m’attendait. Elle t’attend, idiot. Je cours jusqu’à elle et nous nous mettons aussitôt en route. En avant vers le Stade, yeah ! Je me demande s’il est loin d’ici… Je déteste marcher ! Je préfère courir ! Mais la Fille aux cheveux roses paraît trop fatiguée pour ça. Tant pis, on va marcher vite jusque là-bas. C’est toujours ça de fait !

Toutefois, nous marchons dans le silence total, et ça en devient très vite gênant. Je n’avais pas grand-chose à dire, je regarde tout autour de moi pour essayer de me souvenir du chemin, pour le retour. Alors la Jeune Fille décide soudainement de briser ce silence devenu pesant en voulant savoir ce qu’est un Foyer d’Enfance. Elle le compare à une Garderie, ce qui me vexe, bien que je ne le montre pas. Après tout, c’était cet endroit, vivre avec ma Mère – ce qui était hors de question – ou vivre dehors… Je ne réponds rien et me contente d’hausser les épaules.

De toute façon, la Collégienne change rapidement de sujet. Elle s’enquit de savoir pourquoi je veux aller au Centre de Recherches. Pour une raison quelconque, je tressaille, parcouru d’un frisson glacé. Zut ! Je ne m’attendais pas à ce qu’elle pose une question pareille ! Surtout que ça ne la regarde pas ! Qu’est-ce que je lui réponds ? Qu’est-ce que je lui réponds ?! Yusu, tu sais, toi ?! Débrouille-toi. T’es assez doué pour dire des stupidités, alors tu devrais être capable de t’en sortir tout seul. Argh… Méchant…

Un peu stressé par la question, j’accélère le pas en courant légèrement et passe devant elle. Je me retourne, trottinant donc dos à la route et pose mon index sur mes lèvres. Puis je lui souris et fais un clin d’œil.

« Chut ! C’est top-secret ! Je ne peux pas te le dire ! »

Maintenant, je marche en tête, mais à l’envers, si bien que je ne vois pas la pierre qui traîne sur le sol et je trébuche comme un doué dessus. Je me ramasse par terre, sur les fesses. Aïe, aïe, aïe… Ça fait mal… Je grimace de douleur et me frotte le bas du dos, avant de me relever. Mais quel idiot. Même pas capable de tenir sur ses deux jambes. La Jeune Fille me rejoint en accélérant un peu le pas aussi. Je ne sais pas pourquoi, mais je doute qu’elle va s’inquiéter de savoir si je vais bien ou non.

Toutefois, nous reprenons notre marche, et cette fois, je reste dans le bon sens parce que c’était vraiment ridicule tout à l’heure. La Collégienne a bien dû rigoler. Elle semble bien aimer se moquer des autres. Un Défenseur qui ne tient pas debout ne peut que servir à rien. Je suis sûr qu’elle dirait ça. Mais je n’ai juste pas vu la pierre se dresser sur mon chemin ! Ne te cherche pas d’excuse bidon, tu fais encore plus pitié comme ça.

La Fille aux cheveux roses s’exclame alors que je suis un super espion d’une grande société ultrasecrète, ce qui n’est pas du tout long à dire, et me demande si elle peut se joindre à moi. Elle promet de ne rien à dire à personne. Je me grattouille la joue avec mon index, très ennuyé. Ah, ah, ah ! Cette blague ! Yuki, un agent secret ! Si seulement c’était vrai ! Si seulement il pouvait faire ça, peut-être qu’il serait meilleur qu’au Foot !

« Euh… non, tu ne peux pas m’accompagner, désolé… »

Malheureusement, la Jeune Fille ne m’écoute déjà plus car nous quittons enfin les petites ruelles pour arriver en plein centre-ville. Beaucoup plus bruyant par ici. Je regarde autour de moi pour essayer de retenir les lieux, une fois de plus. La Collégienne se rend sur le trottoir le plus proche. Je la suis sagement. Pourtant, si tu te fais renverser, tu serais débarrassé de ce fardeau, non ? Des gens m’attendent… Je ne veux pas mourir.

La Collégienne s’écrit que nous sommes bientôt arrivés au Stade. Nous nous enfonçons davantage dans la Ville, traversant plusieurs passages cloutés et trottoirs. Puis au bout d’une dizaine de minutes, je commence à distinguer un immense édifice, ayant l’allure… d’un Stade. Soudainement excité, je me précipite en courant vers celui-ci et m’arrête devant. La Fille me rattrape de nouveau tandis que j’observe attentivement les alentours.

Je finis par repérer un grand bâtiment blanc que je juge comme suspect. Je me dirige aussitôt vers lui. Un portail se dresse alors comme infranchissable. Il faut une carte de validation d’identité pour entrer. Je fouille dans l’une de mes poches pour sortir une carte avec écrit « Professeur X » dessus. Oui, je lui ai chapardé un jour quand il était absent de son bureau, mais je n’ai pas pu chercher plus longtemps à l’intérieur. Je compte y retourner. Sale voleur, va.

« Tu es sûre de vouloir me suivre, peu importe ce qui arrive ? Je ne te garantis pas qu’on ressorte indemne de cet endroit. »

Eh oui. Mieux vaut prévenir que guérir !

Un sourire se dessine sur mes lèvres lorsque la Jeune Fille s’exclame qu’elle se charge d’assurer mes arrières, en quelque sorte, en rappelant l’accident avec la pierre un peu plus tôt. Elle n’a vraiment peur de rien, c’est impressionnant ! Alors que moi… Tu es un pauvre froussard qui veut tenter l’impossible pour faire genre que tu es exceptionnel. Non, mais non ! C’est faux ! Allez, avoue. Non ! Je secoue la tête pour chasser Yusu, une fois de plus. Sauf que je suis parfaitement conscient que c’est vain.

Yusu se tait, même si je sais que son silence ne durera pas longtemps. Il saisit toujours la plus petite occasion pour se moquer de moi. Qu’est-ce qu’il veut ? Comment est-il arrivé dans ma tête ? Je n’en ai pas la moindre idée ! Je suis là… depuis un moment. C’est toi-même qui m’as créé. Tu ne t’en es même pas aperçu. Je ne peux m’empêcher de remarquer ce temps d’arrêt entre le ‘’ là ‘’ et le ‘’ depuis ‘’. Yusu a-t-il voulu quelque chose avant de se retenir ? Si oui, qu’est-ce que ça peut être ? Pas de réponse. Il souhaite le garder pour lui, apparemment.

La carte du Professeur X en mains, je m’approche du détecteur et la passe devant, côté code barre. En moins de cinq secondes, la machine analyse la carte et une petite sonnerie retentit, confirmant que l’identité est correcte. Le portail automatique s’ouvre alors lentement. Arrivé à la moitié de son ouverture, je traverse le passage et me faufile directement dans les buissons sur le côté de l’allée principale, suivi de la Collégienne. Ça ne sert à rien, ce que tu fais. Tu as sûrement déjà été repéré par des caméras extérieures. Pourquoi le portail se serait-il ouvert dans ce cas ? Sûrement parce qu’il est obligé de s’ouvrir à la carte.

Me frottant un instant la joue avec mon index, réfléchissant, je finis par hausser des épaules, songeant que Yusu a probablement raison. Je ressors de ma cachette et retourne sur l’allée principale. À cet instant, je distingue du coin de l’œil une caméra dirigée vers nous. Ouais, ils nous ont vus. Tel un comique, je fais un grand sourire à la caméra et la salue de la main. Idiot. J’m’en fiche ! Je fais signe à la Fille aux cheveux roses de me suivre et je continue droit vers l’entrée. Il n’y en a qu’une, de toute façon.

« Il semblerait que nous sommes invités à entrer… Ils se sont déjà aperçus que nous sommes entrés par effraction. Reste sur tes gardes, c’est peut-être un piège… »

La porte s’ouvre, elle aussi, automatiquement. Je pénètre dans l’immense bâtiment, tout aussi blanc que l’extérieur. Mis à part le carrelage qui, lui, est gris foncé. Le hall est gigantesque et de chaque côté, il y a deux longs couloirs. Le bâtiment comporte un étage. On peut y accéder grâce à l’escalator qui se situe non loin du comptoir derrière lequel une femme se tient. La femme ne lève pas les yeux vers nous, comme si elle nous ignorait. Je plisse les yeux, intrigué. Mais je me retourne vers la Jeune Fille.

« À ton avis, on commence par où ? À partir d’ici, je n’ai aucune idée d’où je dois chercher. Donc on va devoir fouiller tout le bâtiment. Rassure-toi, je saurai reconnaître ce que je cherche. »

J’espère juste ne pas tomber dans un piège en découvrant ce que je veux… Tout ça ne sent vraiment pas bon…

Euh… non, je préférais ne pas poser la question à la réceptionniste, non, attends ! Tout ça est un piège, j’en suis sûr ! Ils veulent qu’on aille la questionner ! Eh bien, eh bien, Yuki ? Tu as si peur que ça à l’idée de tomber dans un piège ? C’est pourtant toi qui as voulu venir ici. Je… je le sais bien, mais il n’était pas prévu que je vienne avec quelqu’un ! Sinon, j’aurais agi à ma guise et je serais allé fouiller tout le Bâtiment par moi-même.

Malheureusement, la Jeune Fille m’embarque jusque devant l’employée. Celle-ci ne lève toujours pas les yeux vers nous, elle continue de nous ignorer. Je détourne la tête, esquissant une grimace. Cette femme n’est pas aimable du tout. À moins qu’on ne lui ait ordonné de ne pas faire gaffe à nous. Et pour moi, ça sent évidemment encore plus le piège, comme s’ils voulaient qu’on cherche par nous-mêmes. Au fond, ce n’est peut-être pas une mauvaise idée de demander à la dame.

En tout cas, la Collégienne ne paraît pas très effrayée et demande avec un air d’enfant complètement perdue et timide si elle peut nous aider. La femme daigne enfin nous regarder, mais à ce moment-là, ma Camarade se bloque, ne sachant comment terminer sa phrase. Elle tire sur ma manche pour me faire réagir et achever sa phrase. Je reporte mon attention sur la réceptionniste et croise son regard. Un frisson glacial me parcourt le dos.

Ses yeux… elle ne me quitte pas des yeux. Les siens expriment un air menaçant, je ne sais pas trop et peut-être que j’hallucine, même. Toutefois, cette expression ranime une peur au fond de moi, celle des Adultes. Ma peur des Adultes… Non, ma haine envers les Adultes. Ce Bâtiment est très étrange… Terrifiant… Et je commence à trembler légèrement. Yuki ! Calme-toi, elle ne va pas te bouffer ! Nous ne sommes pas dans un jeu-vidéo ! Allez, reprends-toi, imbécile ! Je sursaute en percevant la voix de Yusu et sers les poings, réunissant tout mon courage.

« On cherche… le laboratoire de recherches du Professeur X. »

Zut ! Moi qui ne souhaitais pas dire les raisons de ma venue ici à la Jeune Fille, voilà que j’ai tout avoué sans m’en rendre compte. Normalement, elle a dû entendre parler de lui parmi les Joueurs de Foot… Peut-être qu’elle l’a même vu lorsque le Professeur X a piraté les réseaux pour diffuser son message de former l’Équipe de Football la plus puissante. Tu n’as plus qu’à assumer ton appartenance à l’Équipe du Professeur X. Débrouille-toi. Et cherche un autre mensonge, mais crois-moi, tu n’auras pas l’air crédible. Peut-être qu’elle va même te laisser chercher tout seul. Mince, mince, mince… ! Je ne parviens même pas à regarder la Collégienne pour voir sa réaction.

La femme soupire avant de tourner sa chaise vers l’escalator et le désigner du doigt. Puis après, elle fait un signe avec sa main de continuer tout droit. Après avoir dit ça, elle replonge son nez dans ses affaires. Je me frotte les cheveux quelques secondes avant d’hausser les épaules. Je ne sais pas si elle a menti, mais autant essayer. Ainsi donc, je pars en tête, restant silencieux. Je monte dans l’escalator qui m’emmène jusqu’en haut. Je me retourne pour voir si la Jeune Fille m’a suivi ou si elle est partie sans demander son reste.

Équipe ? Nous formons une Équipe ? Je n’ai rien approuvé de telle. La Jeune Fille a décidé de me suivre, elle n’a qu’à assumer son choix. Cette Mission ne concerne que moi et je devrais être le seul à l’accomplir. Lorsqu’elle se mit à rigoler sans raison, je tourne les talons et poursuis mon chemin vers le long couloir, toujours en restant silencieux. Eh bien, cette Gamine est pleine de vie. Elle te fait confiance, ça se voit, puisqu’elle te suit. Ouvre-toi donc un peu à elle. Je ne voulais pas la mêler à tout ça. Je ne sais pas sur quoi je vais tomber dans le Laboratoire du Professeur X.

Je marche assez lentement tandis que la Collégienne joue à… je ne sais pas trop quoi, en fait. On dirait qu’elle cherche à éviter les bordures entre chaque carreau de carrelage. Je réprime un soupir devant ce jeu que je qualifie mentalement d’ennuyeux. Je fourre mon nez dans mon écharpe grise et rentre les mains dans les poches de ma veste turquoise. Nous nous avançons toujours plus dans le couloir et je regarde attentivement le nom sur chacune des portes.

Il y avait énormément de portes. Combien de Scientifiques travaillent ici ? Ont-ils contribué aux recherches du Professeur X ? Mr. Kidou possède-t-il son propre Laboratoire dans cet endroit, vu qu’il a aidé le Professeur ? La Fille aux cheveux roses me dépasse alors et continue d’avancer en marche arrière pour me faire face. Je pose mon regard, dont la lueur joyeuse s’est éteinte, sur elle. Elle enchaîne alors plusieurs questions concernant le Professeur X et ce qu’on cherche vraiment.

Cette fois, je laisse échapper un soupir. Yuki ! Un peu de politesse devant une Fille ! Elle a le droit de savoir ! Justement, non, Yusu. Au sein de l’Équipe du Professeur, je dois être le seul à être au courant de tout ça. Parce que cet Homme… Cet Homme… Je suis certain de le connaître. Et de l’avoir rencontré plus d’une fois. Mais où ? Il cache si bien son identité que je ne parviens pas à me rappeler qui ça peut être. Et c’est perturbant. Très perturbant. J’ai l’impression qu’on a effacé ma mémoire. Comme si c’était possible… Rassure-toi, ça te reviendra probablement en temps et en heure.

« Exact, le Professeur X souhaite créer l’Équipe la plus puissante. Tu as certainement entendu parler des Keshins ? Son Laboratoire sert à en apprendre plus sur comment on les invoque. » Je baisse un peu le ton pour ajouter : « Mais ce n’est qu’en apparence… »

Pas besoin d’en dire plus, je pense que mes derniers mots sont assez clairs pour qu’elle comprenne ce qu’on vient fouiller ici. Il paraît que certains Joueurs de l’Équipe du Professeur X prennent des étranges boissons dont on ne connaît pas les ingrédients. À vrai dire, il me l’a proposée, mais j’ai refusé de la prendre. Je n’ai pas besoin d’une quelconque boisson pour devenir plus fort. J’y arriverai par moi-même. Bon état d’esprit !

« Au fait, je fais parti de l’Équipe d’Hakuren… mais également de celle du Professeur X. »

Pourquoi est-ce que j’ai avoué ça ? Parce que de un, elle doit s’en douter maintenant. De deux, je veux voir comment elle va réagir… On s’enfonce toujours plus dans le couloir et je continue de regarder les noms accrochés sur les portes.

Non. Non. Le Professeur X n’est pas un Méchant. Il ne peut pas être un Ennemi, je refuse de le croire ou de l’admettre. Il souhaite vraiment aider son Équipe à devenir plus forte, la plus forte. Bon, peut-être pas de manière très légale, j’en suis conscient. Ça, c’est sûr, avec ses boissons bizarres… Je me demande ce qu’elles contiennent. Mais tout de même ! Il semble cacher quelque chose d’autre. Il doit avoir une bonne raison, de pourquoi il fait tout ça ! Et c’est ce que je cherche à découvrir ! Toute la vérité sur cet Homme !

Un sourire se dessine sur mes lèvres lorsque la Jeune Fille déclare que je suis gentil, parce que je l’ai aidé à retrouver son Ballon. Mais que je ne mérite pas de faire parti de l’Équipe du Professeur X. J’hausse les épaules, gardant mon sourire amusé, ignorant plus ou moins sa dernière réponse cinglante. Elle ne me connaît pas pour dire ça… Non, ça c’est sûr ! Ta Tempête de Neige est puissante ! Si puissante que tu ne la maîtrises plus ! Tais-toi, Yusu… Enfin, tant que j’y suis, peut-être que je devrais lui expliquer pourquoi j’ai rejoint le Professeur X, et pas seulement pour enquêter sur celui-ci. Tu changes d’avis comme deux chemises, ma parole !

Avant que je ne m’en rende compte, nous approchons d’une intersection. Des couloirs partent de tous les côtés. Lequel emprunter ? Je regarde à droite et à gauche, avec un air assez perplexe, comme si j’étais perdu. C’est le cas, en réalité. Je n’ai aucune idée du chemin à suivre. Je vais pratiquement au hasard depuis le début. La Fille aux cheveux roses part en tête et décide de continuer tout droit, supposant que le Laboratoire du Professeur est sûrement tout au fond, comme tous les Méchants. J’acquiesce avant de la rejoindre pour prendre le couloir devant nous.

« Crois-moi, si j’avais arrêté ton Ballon, tu aurais pu être blessée. C’est pour cette raison aussi que j’ai rejoint le Professeur X. Pour reprendre le contrôle sur l’une de mes Techniques qui se déclenche toute seule. Elle est devenue trop puissante pour moi. »

Voilà, au moins, c’est dit. J’entends Yusu marmonner quelque chose d’incompréhensible au fin fond de ma tête. Que peut-il raconter ? Yusu est vraiment étrange parfois. Je ne le comprends pas toujours. Je ne sais même pas comment il est arrivé dans ma tête. Je me souviens qu’il m’a dit une fois qu’il a toujours été là, mais je ne le crois pas. Je le saurais, non ? Il me dira la vérité un jour, hein Yusu. Pourquoi devrais-je te raconter la vérité alors que je te l’ai déjà expliquée ? Parce que c’est faux !

Pendant que je m’engueulais mentalement avec « moi-même », le couloir s’assombrissait. Il y avait moins de fenêtres, donc moins de lumière. Moins de portes aussi. La Collégienne a-t-elle raison en disant que le Laboratoire du Méchant est tout au fond ? Je croise les bras pour les serrer contre moi, tremblant légèrement. Nous parvenons devant une immense porte, plus grande que les autres. Sur le côté, un même décodeur de carte se trouve. Je m’avance vers celui-ci et passe la carte devant. La porte émet un cliquetis avant de s’ouvrir un peu d’elle-même. Je fais signe à ma Camarade de me suivre.

Alors j’entre dans la pièce dont la lumière s’allume automatiquement. Le Laboratoire ressemble à un bureau. Plusieurs étagères se trouvent éparpillées dans la salle et au centre, devant une fenêtre aux volets clos, un long bureau avec quelques feuilles empilées, d’autres rangées dans des coins de la table. Je passe derrière le bureau pour commencer à fouiller dans les feuilles à la recherche d’un indice important sur les fameuses boissons.

« Tu m’aides à chercher un truc suspect ou tu surveilles la porte ? »

HRP:

La Collégienne décide de garder la porte, plutôt que de m’aider. Pouvoir voir arriver l’Ennemi à l’avance ? Ce n’est guère utile. Il n’y a aucune cachette dans le couloir, et encore moins dans cette pièce… si ? Est-il possible que le Professeur X cache ses secrets importants dans une autre salle ? Commence donc par fouiller sur le bureau, bon sang. Il faut tout de dire, à toi. Je continue alors de regarder les tas de feuilles avant de trouver un paquet intéressant.

Fortement intrigué, je commence à l’arpenter du regard. Il s’agit d’un historique contenant toutes sortes d’informations sur les Joueurs de l’Équipe. Je plisse les yeux lorsque je tombe sur la fiche me concernant. Je la lis rapidement du regard. Elle donne vraiment tout, même mon Passé, mes Techniques, mon Équipe actuelle… Hakuren… Mais un détail attire mon attention. Pourquoi… ? Pourquoi… ? Qu’est-ce que ça signifie ?

Le prénom de mon Père est entouré en rouge. Un rapide cercle et une flèche lui est reliée. Je suis la flèche rouge pour tomber sur un mot écrit à la main contrairement au reste : « Yuki est mon Fils. » Mes mains se mettent à trembler énormément. Je lâche le tas de feuilles qui s’éparpille un peu sur le bureau et je recule de quelques pas, le regard horrifié. Yuki a vu un fantôme ! Le fantôme de son Père ! Le Professeur X… est vraiment mon Père ?

Des flashbacks traversent mon esprit où je me revois avec mon Père et ma Mère, le jour fatidique lorsque Papa fut chassé de la maison, et finalement la soirée spéciale organisée par M. Kidou. Les… les impressions que j’avais à propos du Professeur X me reviennent aussi en mémoire. Tout s’explique ! Qu’as-tu compris ? Cette sensation de le connaître… Si c’est mon Père, c’est normal ! Qu’est-ce que tu racontes ? Comme si le Professeur X pouvait être ton Père. C’est un piège et tu tombes le nez dedans !

À cet instant, comme pour prouver les dires de Yusu, un bruit retentit de derrière une étagère. Évidemment, je sursaute et m’éloigne vers la porte, rejoignant la Jeune Fille au passage. Quelqu’un approche, le bruit s’intensifie. Mais ça ne provient pas du couloir. Paniqué, je souffle à ma Camarade qu’il faut fuir. Malheureusement, la porte s’est refermée elle-même et refuse de s’ouvrir quand je passe la carte. Nous sommes pris au piège ! Je te l’avais dit, espèce d’idiot. Que faire ? Impossible de se cacher et de s’enfuir !

L’étagère se met à bouger, révélant un passage menant vers un sous-sol… ou le Stade comme lors de la soirée ? Un homme en blouse blanche apparaît dans l’entrebâillement de la porte, un sourire amusé aux lèvres quand son regard se pose sur la Fille aux cheveux roses et moi. C’est le Professeur X en personne ! Terrifié par le fait d’être pris la main dans le sac, je baisse la tête, les poings serrés et tremblant.

« Pro-Professeur… Qu-que faîtes-vous là… ? »

HRP: