Comment, ça une description physique ? Pourquoi ? J’ai pas envie que tout le monde me reconnaisse ! J’ai pas le choix ? Bon, très bien… Mais c’est bien pour vous que je le fais !

Alors, je suis une personne normale : assez musclée, fine, sportive, élégante, discrète… Je ne suis pas du genre fragile et sans défense, pour ceux que l’idée aurait effleuré.

On va dire, pour faire plus court, que je rentre dans la moyenne de la population… Dans le sens où je n’ai pas une peau de crapaud, des yeux de lutin, des oreilles d’elfe, des cornes de boucs... Je ne suis pas un monstre quoi ! Mais j’ai quelques particularités qui font que je ne suis pas entièrement conditionnée à la société…

Mes cheveux sont d’une longueur assez conséquente, arrivant jusqu’au creux de mon dos. Quelques mèches tombent sur mon front, cachant par moment mon regard, ce qui me donne un côté mystérieux… Ce qui n’est pas pour me déplaire entre nous… Ma coiffure étant plutôt rebelle, je sors toujours avec ce qu’on peut appeler « l’effet coiffé pas coiffé »… Comment ça, tu connais pas ? Tu sais, c’est genre quand les gens qui te rencontrent te lance « Alors, on vient de se lever ? Et on a oublié de passer par la case salle de bain ?... ». Et pour moi, c’est ça au quotidien… J’ai d’ailleurs pensé plusieurs fois à vendre ma brosse, puisqu’elle ne me servait à rien… Mais bon, je l’ai gardé parce qu’on ne sait jamais ce qui nous attend…
Et pour rajouter une couche, leur couleur n’est pas commune : c’est un mélange étonnant entre le doré et un jaune si clair qu’il paraît presque blanc par moment. Les reflets sont brillants… Autant dire que je ne passe pas inaperçu, mais c’est vrai qu’on n’en voit pas tous les jours, des coupes cheveux comme ça… Mais ne vous y trompait pas, je suis très fière de mes cheveux et je peux vous dire que votre avis m’ais bien égal ! Bon… Mes yeux sont en amande avec de longs cils. Mes iris sont d’un bleu très clair, recouvertes par des pupilles noires. Ah ! Deux dernière chose en ce qui concerne mon physique : je porte une cicatrice à l’avant-bras droit, souvenir d’une dispute avec mes parents… Elle est à peine visible donc c’est bien la peine que je vous en parle ! Et j’ai un tatouage sur l’omoplate droite : il représente une plume qui se décompose pour former une nuée d’oiseaux… Pour moi, ce signe à une importance à mes yeux…

Alors maintenant, parlons caractère ! Je ne sais pas si ceux qui me connaissent me décrirais ainsi mais de toute façon, c’est à moi que l’on demande et pas à eux ! Na !

Pour faire simple, je dirais que je ne suis pas une fille docile, que vous pouvez manipuler aux grés de vos désirs et de vos lubies… Hé oui, messieurs! Si vous cherchiez une compagne à vos ordres qui vous obéis aux doigts et à l’œil, il vous faudra chercher ailleurs ! Je ne suis pas comme cela ! Si vous vous attendiez à un gentil toutou… Faîtes bien attention : les chiens, ils mordent ! Dotée d’un caractère bien trempé, je suis du genre à dire ce que je pense sans détour et sans manière. Peu importe si ça blesse, c’est dit et c’est pour votre bien ! Par contre, je ne m’énerve pas facilement, car, à quoi bon crier, on ne vous écoute pas mieux ! Si c’est les autres qui perdent leur sang-froid, alors tant mieux ! Je me ferais un véritable plaisir de les pousser jusque dans leurs retranchements. Un peu manipulatrice sur les bords, je me montre très prudente et méfiante envers les inconnus, juste le temps de les classer dans une catégorie : ami ? obstacle ? bouc émissaire ?…

Mais ne vous y fier pas : tout ce que je viens de vous décrire n’est que ma carapace extérieure… A l’intérieur, c’est tendre : je suis une personne assez insensible et peu démonstrative. Mais aux dernières nouvelles, je suis quand même humaine ! Les sentiments existent, même chez ceux qui ne les montrent pas…

J’étais assise sur le banc de touche, contemplant le terrain avec des yeux perçants. Mes jambes étaient croisées, mes coudes reposaient sur mes genoux et mon menton était appuyé sur mes paumes… Je m’ennuyais ferme tandis que les joueurs sur le terrain, suaient et enchaînaient dribbles, passes, tirs… Et tout ça dans un minimum de temps, ce qui prouvaient que la pression était à son maximum… Une seule pensée tournait sans arrêt dans ma tête : quand est-ce que je pourrais enfin jouer ?...

« Quand est-ce je pourrais entrer sur le terrain et leur prouver ce que je vaux vraiment ?... ».

Je jetai un rapide coup d’œil par-dessus mon épaule, en direction des gradins derrière moi : je trouve enfin ce que je cherchais : mes parents… Ma mère, une secrétaire dans une riche entreprise et mon père, un directeur commercial, souvent en déplacement pour ses affaires. Ils étaient assis, bien droits, aucune émotion affichée sur leurs visages de pierres… Je les contemple encore quelques instants avant de retrouver ma position initiale.

« - Concentre-toi, Rin… Souviens-toi pourquoi tu fais tout ça ! Tu dois être la meilleure et leur prouver… ».

Cela faisait déjà quelques années que je pratiquais le football, bien que mes parents soient contre cette idée… Mais ils devaient bien avouer que j’étais plutôt douée : considérée comme l’une des meilleures joueuses de mon club, j’avais déjà fait parler de moi. On disait de moi que j’étais une joueuse déterminée, quoique un peu indisciplinée. J’avais longtemps joué en attaque –et cette position restait malgré tout mon poste de prédilection- mais j’avais finalement atterri en milieu de terrain, du côté offensif… Ce qui avait poussé mon coach à parler à mes parents d’une potentielle inscription en équipe nationale pour les championnats à venir…
Et voilà comment je me retrouve ici aujourd’hui, un jour très important… En ce moment, devant moi, avait lieu les sélections nationales : les meilleurs joueurs étaient présents, dans l’espoir d’obtenir une place dans l’équipe qui allait représenter le Japon pour le tournoi inter-pays de l’est, qui comprenait en plus de ce pays, la Chine, la Corée, l’Australie et encore bien d’autres… Mais les autres premiers étaient bien connus pour être de fabuleux adversaires…

Je fermai les yeux et respirai profondément, dans l’espoir de retrouver un semblant de calme. Mais une voix – ou plutôt deux voix- enfantines me coupèrent dans ma « méditation ».

« - Rin !!!! Devines qui c’est !! »

A peine le temps de répondre que deux mains enfantines saisirent mon bras et me tirèrent, manquant de me faire tomber au sol. Je réagissais immédiatement : j’attrapai les poignets des membres indésirables et les tordais, jusqu’à sentir la pression diminuer… Alors seulement j’ouvrai les yeux et contemplai les propriétaires. Deux enfants, une fille et un garçon, tous deux de même âge… Ils avaient des cheveux courts et blonds comme les blés, de grands yeux bleus océans. La jeunesse de lisait sur leurs traits bien que ceux-ci soit tordus par la douleur et la surprise… Un léger sourire vînt étirer mes lèvres pendant que je libérai les deux garnements… Ils s’éloignèrent de quelque pas en se frottant le poignet, pendant que je pouffai en voyant leur mine déconfite :

« - Aïe… ‘Fait trop mal…, se plaignit le garçon.
- Pourquoi t’as fait ça, Rin-nee !... », renchérit sa sœur.

Et oui ! Car ces deux anges blonds n’étaient autres que les faux jumeaux qui me servaient de cadets… Prêts à tout pour les mauvais coups, ils n’étaient jamais l’un sans l’autre. La fille était nommée Luka et son frère, Len…

« - ... 'Vous apprendra, je vous ai déjà dit, je ne sais combien de fois, de ne jamais me sauter dessus !
- Pfff… T’es vraiment pas drôle !, dirent-ils en adoptant une mine boudeuse.

Je levai les yeux au ciel, exaspéré par leur comportement enfantin mais ô combien attendrissant !

« - Enfin, bref… Qu’est-ce que vous venez faire là ?
- Te souhaiter bonne…
- … Chance bien sûr ! ».

Je les regardai, attendri par leur visage d’anges blonds. Je leur ébouriffai gentiment les cheveux et ils râlèrent en bougonnant qu’ils ne sont plus des bébés… Alors, une voix se fit entendre derrière moi :

« - Mademoiselle… Hum… Rin Ayase, c’est bien ça ? ».

Je me tournai vers celui qui m’a interpelé : il portait l’uniforme des organisateurs…

« - Oui ?
- Préparez-vous…
- Je….
- Vous allez entrer sur le terrain… ».

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine, tandis qu’un air déterminé vînt prendre place sur mon visage. Enfin, le moment que j’attendais était venu…
Je hochai simplement la tête avant de le suivre. Je me tournai une dernière fois vers les jumeaux : ils me regardaient avec une mine triste et déconfite… Sans doute auraient-ils voulus me garder avec eux encore un peu ? Je leur fis un petit geste de la main pour les rassurer et ils me sourirent en retour…


J’étais assise sur le seul lit de la pièce, le regard perdu sur le mur blanc en face de moi. J’avais les yeux rouges et gonflés à force d’avoir tant pleuré. Mes joues et mon cou n’étaient pas dans un meilleur état… J’avais le nez qui coulait, si bien que je ne cessais de renifler, et ma gorge était nouée par les sanglots. Je devais être dans une condition pitoyable, mais en cet instant, ce n’était pas ce qui m’importait… Mes jambes étaient repliées contre ma poitrine douloureuse et mes bras, passés autour, les serraient…

« Ce… n’est… Pas possible… ».

Cette pensée, qui tournait sans arrêt dans ma tête, sonnait comme une fatalité. Quand on me l’avait annoncé, je n’avais pas su conservé mon calme : j’avais pleuré, hurlé, griffé, supplié… Mais rien n’avait pu changer la réalité… J’avais eu l’impression que le sol se dérobait sous mes pieds et qu’il m’entrainait dans sa chute.

« Le f… Le football… Je ne… Peux… Ne peux plus… Y… Jouer… ».

J’entendais encore les voix des médecins qui me l’apprenaient… Ils avaient bien tentés de m’expliquer que je souffrais d’une maladie chronique incurable : elle empêchait les trop grands efforts physiques, comme ceux qu’exigeaient à certains moments le foot… Et la crise que j’avais eu lors du match n’était que le début… Aucun traitement n’existait encore à cette heure et tout ce qu’on pouvait faire, c’était l’endiguer et attendre…
« Mais attendre quoi ? » avais-je demandé, les yeux remplis de larmes… Ils s‘étaient regardés, hésitants… « Nous sommes désolés… ».
Ils n’avaient même pas pu me fournir une réponse claire… Mais de toute façon, cela importait peu… Maintenant que je savais que j’avais échoué, je ne réaliserais jamais mon rêve…

Une larme solitaire déborda de mon œil et dévala ma joue, se perdant dans mon cou et mes cheveux. Je me mordais les lèvres, tentant de contrôler le désespoir qui m’envahissait… Peine perdue : quelques secondes plus tard, je me remettais à pleurer, en repensant aux évènements qui avaient conduits à ça…


Voilà déjà quelques minutes que j’étais entrée sur le terrain et que le match avait repris ; avec de nouveaux joueurs… La tension était à son extrême entre les deux équipes qui redoublaient d’effort pour vaincre l’adversaire… J’entendais par-dessus le vacarme environnant la voix de mes petits frères et sœurs…
Mais plus les minutes passaient, plus je sentais que quelque chose n’allait pas : je me sentais plus fatiguée que d’habitude, ayant l’impression que mes gestes étaient ralentis… J’avais mal à la poitrine mais pas à l’emplacement normal d’un point de côté… Mais je n’avais pas le temps de m’en soucier : la balle changeait systématiquement d’équipes, de joueurs, de pieds… Mais peut être aurais-je du faire plus attention…

Soudain, un éclair de douleur me força à m’arrêter. Instantanément, je cessai tout mouvement et me pliai en deux, les mains sur les genoux, pensant devoir reprendre mon souffle. Mais j’avais toujours autant de mal à respirer et la pression dans ma poitrine ne m’aidait pas… Je toussai légèrement pensant que cela aiderait : un liquide métallique envahit ma bouche… Je portai une main à mes lèvres puis devant mes yeux : du sang… Ma tête se mit alors à tourner et ma visions se troubla quelques secondes. Je fis quelques pas hésitants, voulant demander de l’aide… Mais rien de sortit de ma gorge nouée.
Je me sentis tomber en avant mais bizarrement, je n’atteins jamais le sol… Quelqu’un m’avait rattrapé… Et à partir de là, les seules choses dont je me souvienne sont les voix et le gyrophare de l’ambulance…

Je relevai les yeux du creux de mes genoux, j’en avais fini de pleurer, de me lamenter, de me plaindre… Je jetai un coup d’œil au dehors et remarquai les étoiles…

« Rien ne peut les empêcher de briller… Même si elle disparaisse par moment, elles sont toujours présentes… ».

Je serais comme elle… Cette maladie n’était qu’un obstacle parmi d’autre pour la réalisation de mon rêve… Mais rien ne m’empêchera de le réaliser… Même si je dois en payer les conséquences…