Un unique écouteur dans les oreilles, j'étais en capacité d'entendre toutes les discutions qui m'entouraient sans aucune discrétions. Je n'écoutais pas vraiment ce qu'elles disaient, même pas une seule qui aurait pu s'adresser à moi car je n'étais pas accompagné, mais je ne pouvais en comprendre des brides. Je jura sur mon matériel qui faiblissait dangereusement, prenant note que l'achat d'un casque audio de bonne qualité devenait urgent. Agacé par ce fait, je mit en pose la chanson en cours d'écoute, profitant de mon geste pour regarder l'écran de mon téléphone - me servant donc aussi de lecteur audio - pour m'informer sur l'heure qu'il était. 

C'était cette même distraction qui m'avait mené droit à la collision, additionnée à mes pas pressé, puisque rester là, en solitaire pour l'occasion, seul au milieu de la foule, ne me mettait pas très à mon aise en cette journée de cours. Bam ! Mon téléphone en mode lecteur MP3 s'était retrouvé à terre. Une voix cracha un "ça va ?" pas des plus agréable lorsque je rangea mon appareil dans ma poche, après m'être penché sans beaucoup fléchir les genoux et avoir constaté qu'il n'avait subit aucun dégâts. Heureusement, d'ailleurs, car l'incident n'avait pas été terriblement violent, même si il avait été suffisant à le faire tomber d'une petite hauteur. 

Je remarqua que si j'avais réussi à me rattraper en titubant, l'élève en face de moi, lui, s'était tout bonnement retrouvé assis sur le sol. Et vu le ton qu'il avait employé, c'est un peu à contrecœur que je lui tendis la mains pour l'aider à l'excuser, non pas par serviabilité, mais par culpabilité. En quelques sortes, parce que je n'étais pas vraiment d'humeur radieuse et pour cette peine, ma culpabilité n'en était pas vraiment (il aurait très bien pu regarder lui-même où il allait, non ?).

« Moi, ça va. » Grommelais-je un peu en tentant de ravaler ma maussaderie.

Quand je pu observer les traits de son visage, un éclaire de doute me transperça, portant la question de son genre. L'élève face à moi n'avait pas une voix des plus grave, mais après tout, cela ne voulait rien dire, par contre, pour ce qui était de ses traits, je me mit à les trouver un peu plus androgyne que la normal - ça devait me connaître, ce genre de caractéristique physique - mais je me raviva, puisqu'il m'avait tout l'air d'être masculin, au moins par ses cheveux courts et les habits qu'il portait.

Je restais incrédule devant l'air mal à l'aise de mon vis-à-vis, me demandant à quoi il pouvait bien penser. Soudain, lorsqu'il reprit sans raison un air plus serein, il me fit quelques excuses. Étrangement, les premiers mots qui chutèrent de ses lèvres furent pour se rattraper de m'avoir vexé, justifiant qu'il n'était pas de nature très diplomate. Vexé, vraiment ? Ce n'était pas le mot. Il dut le reconnaître, car il se rattrapa dans la seconde, s'excusant cette fois de m'avoir bousculé et s'inquiétant pour le portable qu'il avait vu tombé de mes mains.

« Ce n'est pas grave ... » Soufflais-je en relaissant tomber la pression. « Il n'a même pas une griffe, par chance. »

Même si il m'avait posé la question, son regard fuyant tentait à dévoiler qu'il aurait sans doute préféré mettre le voile. J'étais donc sur le point de m'y plier en le laissant partir pour reprendre moi-même mon chemin, mais un nouveau regard en direction du sol m'en dissuada ; Je venais de remarquer le désordre que j'avais mis malgré-moi en faisant tomber le possesseur de tout ses bouquins de cours qui jonchaient le sol, ces morceaux de papier qui avaient glissés de ses genoux lorsque je l'avais aidé à se relever. Ils auraient pu avoir des yeux qu'ils m'auraient donné la même impression de me regarder de travers et avec insistance. C'était donc moi qui avait fait le plus de dégât.

Je m'exécuta dans une démarche d'automate. Sur la seconde-même, je me pencha pour collecter les objets, d'abord ceux qui étaient tout juste devant mes pieds et qui ne me demandaient pas de marcher, pour les tendre ensuite à leur propriétaire. Je répéta le mouvement après avoir fait deux pas pour cueillir ceux dont la couverture avaient glissé un peu plus loin. Au hasard, je me permit d'observer la tête de l'un des livres. D'abord silencieux, je réfléchis. Il devait être en première année, lui aussi, pourtant sa tête ne me disait rien.

Sur le coup, je n'avais pas intercepté sa faute de genre. J'ai simplement cru à un ton hésitant de sa part. De plus, je n'avais pas bronché à sa remarque, ne la prenant pas pour un ordre et préférant écouter ma pointe de serviabilité ; Suite à une hochement négatif de ma tête que mon interlocuteur du tout juste intercepter, nous nous étions donc tout les deux retrouvé à ramasser la pagaille. L'affaire fut assez rapidement menée d'ailleurs, et ce malgré le fait que l'élève avait été assez chargé. Je l'observa lourdement mais sans vraiment y faire attention, un peu comme si je me vengeait d'avoir cru sentir son regard.

« Je crois que c'est bon. » Lui dis-je en lui remettant le dernier objet tombé entre les mains.

L'esprit un peu ailleurs, j'avais regagné quelques points en sérénité mais je n'avais pas pour autant oublié mes précédentes interrogations. J'entrepris de me renseigner à ce sujet, peut être cela composerait il, en fin de compte, mes bonnes actions de la journée. D'une mine plus accueillante, je repris un zeste de sourire - un peu fatigué - sur le coin de mes lèvres, juste pour ne pas qu'on me sente obligé de m'intéresser, mais, ce geste, il était à peine visible et ne jouait que sur l'éclairage de mon humeur ... Ainsi, il ne me collait pas non plus sur le front une étiquette amicale.

« Tu es en première année ? » Repris-je ma pensée, mot pour mot, alors que nous étions maintenant parfaitement en face-à-face.

Oh, ça, non, je n'avais pas la prétention de connaître tout les lycéens, ni même seulement ceux de toute les classes de mon niveau. Ils me connaissaient bien mieux qu'à la réciproque, j'ai toujours supposé que c'était d'une logique imparable pour celui qui était passé sur les écrans du Japon - Et, ne soyons pas modeste, d'une jolie part du reste du monde - mais si j'en venait à me demander cela, c'était surtout qu'il n'avait pas l'air qu'un peu perdu, je le maintenait même maintenant que je ne le voyais plus préoccupé par ses bouquins.

La compassion qui me prenait peu à peu avait fait muer mon humeur dans un bon sens. Les nouvelles écoles, elles paraissaient tout le temps plus immenses qu'elles ne l'étaient ! Peuplées, aux couloirs zigzaguant, il y était certainement plus facile d'y faire son entrée lorsqu'on était - comme moi précédemment - accompagné d'un ami. D'autant plus lorsqu'il s'agissait de passer du collège au lycée, ça avait quelque chose d'un rien plus impressionnant de par son titre.

« Oui, je suis aussi en première. » Répondis-je au supposé garçon, du bord d'un sourire qui s'étalait pour se rendre visible. « Pas de problème si je peux me rendre utile. Tu cherches quelques choses ? »

A tout hasard, j'aurais parié pour une salle de classe dont le numéro se serait fondu dans la masse des portes ou un casier où pouvoir lâcher son chargement de papier. Les élèves dans les couloirs étaient rapides et moi, à l'arrêt au milieu du chemin, je les voyaient nous contourner pour partir comme l'eau d'un fleuve, suivant un courant pour se disperser petit à petit. Je me bougea pour me rapprocher sensiblement du mur, invitant l'autre élève dont j'ignorais toujours le nom à en faire de même. D'ailleurs, il aurait sans doute été plus polis de se présenter si je m’apprêtais à le suivre assez longtemps pour au moins avoir le temps de lui rendre service.

« Au faite, moi je m'appelles Kazemaru Ichirouta. » M'introduis-je posément.

Je fus étonné qu'on m'improvise un nouveau surnom car de par ses multiples hésitations, le dénommé Kakure ne m'avait pas vraiment donné l'impression d'être quelqu'un de spontané ou même d'assez extravertis que pour reprendre mon prénom - déjà, ça, c'était a noter - et le changer en appel ... Pseudo affectueux ? Parce que, par le ton employé et le manque de raison, cela ne pouvait tout simplement pas ressembler à de la moquerie. D'ailleurs, ce n'était pas que je le prenais mal, mais lorsque je passe ma main derrière mon crâne et la descendit un peu vers ma nuque, touchant au passage la queue-de-cheval qui reliait la masse bleutée de mes cheveux, il du comprendre ma gêne d'in-habitué. Quoi que, pouvait-je encore dire ça depuis que je connaissais Kurohime ? Encore, elle, c'était une fille étrange. Avait-elle répandu le virus de son inventivité bien originale dans tout le lycée Inazuma, par hasard ?

« Ichi-Ichi ? » Répétais-je alors que je glissais toujours le bout de mes doigts près du noeud que serrait l’élastique souple, tranchant par sa couleur chaude. Mon geste prendrait fin en même temps que la première interrogation qui me vint ; « Tu n'aimes pas "Kazemaru" ? »

Ses yeux brillaient d'une drôle de manière, je m'en serrais voulu de paraître sur la défensive, alors que j'étais juste désemparé. Au final, je lui ai fait un signe entre le hochement de tête et le haussement d'épaule supposé vouloir quelque chose se rapprochant d'un « D'aaaaccord, si ça t'amuse ! » et même appuyer audiblement par un « Okay. » sympathique mais pas franchement convaincu. Contre le mur, je glissa encore d'un pas.

« Donc, Kakure, rappelles moi ce que tu cherchais ? » Questionnais-je à nouveau, prenant soin d'énoncer correctement son nom tout en ne me souvenant plus avoir eu droit à une réponse de sa part.

Kakure avait fait une tête bizarre, comme pleine de reproche à l'égare des professeurs, un air lancé dans la direction visiblement connue par lui-même de la salle qui était réservée aux enseignants. C'était plutôt marrant à observant, dans le sens sympathique du terme. Tout compte fais, je n'étais plus du tout de mauvaise humeur à l'idée de devoir l'aider, l'incident précédent était déjà totalement oublié.

« Les casiers ? Pas de problème. » Dis-je en hochant légèrement la tête. « Viens, c'est de ce côté là ... »

Aussitôt eu-je finis ma phrase que je repris quelques livres qui débordait de ses bras, sans même demander l'avis du garçon pour se faire, dans le but de lui éviter d'avoir à nouveau à tous les ramasser si il heurtait une seconde fois quelques choses ou quelqu'un de plein fouet. Prenant soin, quand à moi, d'éviter la foule, je me glissa tout en m'assurant d'être suivit par le nouvel élève dans la direction voulue pour arriver devant une armée de casier au bout des quelques longs pas.

« Voilà, on y est. » Annonçais-je fièrement.

Je jeta un regard sur l'ensemble des espaces de rangement, ne pouvant savoir le quel lui serait approprié et lui laissant donc prendre l'initiative de s'approcher d'un peu plus près. Je le suivrais pour déposer les quelques affaires qu'il me restait entre les bras.

Bon, c'était vrai, il ne m'avait demandé aucune aide. Mais sérieusement, derrière ses « Allez ! J'y suis presque ! Bon sang ! », je m'étais déjà mis en tête que j'allais finir par intervenir. C'était un peu accablant mais aussi ... Touchant. J'ai un bref instant songé que Kakure avait quelque chose d'enfantin, voir de féminin, comme je l'avais songé au premier contacte ; Par le surnom qu'il m'avait lancé, la maladresse que je lui trouvait et quelques autres petites fiertés, comme l'idée un peu idiote de s'en prendre à un casier en hauteur.

Alors qu'il essayait de nouveau de placer ses effets dans le dit-casier, les objets manquèrent de dégringoler. Par chance, je m'étais d'avance approché. Alors, oui, je n'étais pas le plus grand de l'école, mais par peut être quelques centimètres supplémentaire, je rattrapa du bout des doigts l'avalanche. En ne laissant tomber qu'un bouquin - un seul, relativement léger - qui échappa au bout de mes doigts au passage et s'écrasa sur le sol. Pas si mauvais réflexe.

« Je vais m'en occuper. » Proposais-je à moité, et m'exécutant à la tâche, je ne pu qu'ajouter. « Tu pense que ça ira, quand tu devra les récupérer ? »

Voilà, tout étaient déjà rentré dedans et rien ne menaçait plus de tomber, sauf le petit cahier. Me penchant vers le sol, je le récupéra et le lui tendit directement, juste histoire de dire que je n'avais pas tout ranger par moi-même. Je m'écarta du meuble de rangement scolaire, laissant ainsi le passage à Kakure.

Voyant l'air avec le quel il s'empara du petit livre que je lui avait tendu et qui ne le quitta pas alors qu'il le rangea dans son casier, je me félicita intérieurement de la bonne réaction que j'avais eu que de le lui avoir donné plutôt que de le ranger moi-même. C'est que, malgré tout, il y avait un remerciement planqué au milieu de la tirade que défendait son orgueil !

« La salle cent-deux ? Oui, c'est par là. » Répondis-je en désignant la direction à prendre d'un geste du menton. Une chance que j'aie, par plusieurs reprises, eu cours dans cette classe, sinon, je n'aurais su en retenir le numéro exacte. « J'ai cours de ce côté là, aussi, je vais t'accompagner. »

Ma présence en tant que guide ne pouvait pas vraiment lui faire de mal. Par contre, je ne pris pas la peine d'attendre sa réaction pour me mettre sur les starting-block ; La raison, évidente, étant l'heure qui, l'air de rien, tournait avec nos bavardages. Je le fit gentiment comprendre à Kakure en lui lançant ;

« Par contre, on ne devrait pas traîner si tu ne veux pas arriver en retard ! »

Je ne me retournai plus que pour m'assurer qu'il m'avait emboîter le pas, mais non sans l'avoir questionné rapidement par quelque chose qui sonnait comme un « C'est bon, tu as tout ? », que je ne voulais pas aussi oppressant qu'il ne me donnait l'impression d'avoir été.

Sac à l'épaule, arpentant les courts couloirs qui nous séparaient encore de notre destination - Nous nous rendions dans des classes voisines ! Plutôt pratique, pour l'heure ! - au rythme d'une marche rapide. Cela ne pris pas bien longtemps.

« Si tu veux, je pourrais te faire faire le tour du bâtiment, tout à l'heure, quand nous auront plus de temps. » Proposais-je finalement, alors que la discutions devait toucher à sa fin, du moins pour le moment, en vue de la distance qui s'écourtait entre notre position mouvante et la porte portant le numéro cent-deux.

C'est qu'avec son apparente petite fierté, peut être aurait-il préféré se débrouiller par lui-même, aussi, je m'étais convaincu de ne pas insister sur ce service.

[Hors Rpg : Pour être long, là, j'ai pété des records. xD
Enfaite, je ne sais plus si on avait dit qu'on continuait dans un nouveau sujet ou quoi ...]